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Architecture et lumière

Photo du rédacteur: Marwen BelkhiriaMarwen Belkhiria

Selon l'esthétique de Schopenhauer, à laquelle j'adhère totalement, l'architecture met en scène les aspects (idée platonicienne) les plus bas du monde, c'est-à-dire les forces naturelles les plus primitives comme la pesanteur et l'inertie. Ce qui fait de l'architecture un art inférieur, le plus bas, contrairement à la tragédie par exemple, art supérieur qui met en scène les sentiments humains, idées les plus hautes. Mais ce qui est intéressant avec cette esthétique, c'est qu'en même temps qu'elle nous révèle la rigidité ou la cohésion d'un matériau, "degrés les plus bas de l'objectivité du monde", l'architecture rend perceptible la lumière, "qui sous plusieurs aspects en est le contraire", et est la base de notre connaissance du monde.


C'est pour cette raison surement, que l'on se sent presque reconnaissant envers la lumière, car elle est la condition de notre rapport au monde et sa sensation nous émerveille infailliblement. La lumière étant la condition du sens de la vue, sens qui se présente comme l'un des plus important et dictant notre relation avec l'environnement extérieur.


L'architecture doit alors s'efforcer de révéler la lumière, de lui servir de support et de carde. Elle doit être l'arrière-plan, le meilleur qui puisse être, qui s'efface sous le regard pour lui permettre de jouir de l'effet produit par la lumière. L'architecture doit donc s'affranchir de ses buts utilitaires et faire de la lumière une fin recherchée. Une matière, un matériau, en plus des matériaux traditionnels tels l'acier ou le béton. Un matériau plus noble et qui lui permet d'atteindre des aspirations esthétiques plus hautes. Ce que nous apprécions parfois devant une belle œuvre architecturale c'est en fait la découverte agréable de l'effet de la lumière.


La lumière est toujours nécessaire. L'obscurité d'un espace n'est perceptible que parce qu'un rayon infime de lumière nous la révèle. Sans lumière du tout, un tel espace n'est rien. Tous les grands architectes sont reconnus pour leur travail sur la lumière (Ando, Kahn…) et l'on ne s'est pas trompé. "Le jeu savant des volumes sous la lumière", oui mais aussi la lumière révélée grâce au jeu des volumes.


Qu'elle pénètre ou qu'elle réfléchisse, captée ou filtrée, les rapports qu'entretient une architecture avec la lumière sont multiples. L'ombre, conséquence et corrélat, fait évidemment partie de ce dialogue. Bien-sûr parce qu'elle protège et rafraîchit, mais ce sont là des fins utilitaires, mais surtout parce qu'elle se dévoile comme le pendant infiniment nuancé de la lumière (totale obscurité, ombre portée, pénombre…).



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